Les experts de BNP Paribas Securities Services nous révèlent leurs prévisions pour 2020.
Règlements transfrontaliers sur les crypto-actifs
Laurence Caron-Habib, Head of Strategy, Market Intelligence and Public Affairs
En 2019, nous avons observé un intérêt croissant pour les crypto-actifs. Les régulateurs et les autorités publiques ont commencé à classifier les crypto-actifs (à savoir les jetons de paiement, les jetons titres et les jetons utilitaires), et à s’intéresser à leurs risques potentiels. Cependant, les principales mesures ont pour l’instant surtout été prises à l’échelle nationale. En avril 2019, la France a adopté la loi PACTE. En juillet 2019, la FCA britannique a publié sa ligne directrice définitive sur les crypto-actifs. Et depuis janvier 2020, les banques allemandes sont en mesure de gérer les crypto-monnaies.
En 2020, les régulateurs devront tenir compte de la dimension transfrontalière. Nous assisterons probablement à des évolutions vers plus de convergence réglementaire et, au bout du compte, vers plus d’harmonisation et de sécurité juridique. Les évolutions de la réglementation devront être a) « technologiquement neutres », les cadres réglementaires ne devront pas dépendre de la technologie utilisée, et b) fondées sur les principes de « même activité, mêmes règles », les mêmes règles devront s’appliquer aux actifs qui présentent les mêmes caractéristiques. Le principal enjeu est d’établir le cadre approprié pour encourager l’innovation tout en maîtrisant les risques.
Le COO de demain – Un leader
Simon Olenka, Head of Client Delivery UK
Dans le secteur des services financiers, le COO est aujourd’hui responsable de nombreux domaines tels que la mise en œuvre de nouvelles technologies, la croissance de l’entreprise, l’efficacité opérationnelle et la gestion budgétaire. C’est un rôle complexe.
Notre enquête mondiale réalisée auprès de 250 COO des services financiers et équivalents, et dont la publication est prévue pour mars 2020, fait ressortir que le renforcement des qualifications des collaborateurs représente leur plus grande priorité pour l’avenir. Les COO ont aussi exprimé leur mécontentement quant au degré de collaboration avec les autres fonctions de l’entreprise.
Le COO du futur sera un leader, et plus seulement un responsable des systèmes ou des technologies. Il s’appuiera plus efficacement sur ses réseaux internes et contribuera à la qualification de ses collaborateurs, tout en construisant et entretenant les relations avec les clients.
Les hedge funds transforment leur base de coûts
Diarmuid Ryan, Global Head of Hedge Fund Solutions
Actuellement, les COO des hedge funds subissent une pression sans précédent pour construire le modèle opérationnel de leurs fonds qui augmentera leur envergure et leur complexité, tout en réduisant les coûts. Beaucoup aspirent à alléger le fardeau de l’investissement dans les systèmes existants. Ils sont donc à la recherche de fournisseurs front-to-back capables de déployer un système qui combine la gestion des ordres et des portefeuilles (OMS/PMS). Ils y associeront des solutions de gestion dans les domaines des risques, du collatéral et de la trésorerie, le tout englobé dans une administration de fonds axée sur le service, et un middle office externalisé.
L’intensification de ces pressions nous amène à penser que le remplacement des infrastructures constituera une forte tendance en 2020 et au-delà. Les prestataires de service front-to-back seront les mieux placés pour donner aux clients proactifs un avantage de premier ordre.
La maturité : données et technologies dans le secteur du Private Capital
Karine Litou, Global Head of Products & Solutions Private Capital
En 2019, le Private Capital a continué sa progression implacable pour dépasser 6 000 milliards USD d’actifs sous gestion et atteindre un nouveau record mondial. Cette croissance devrait se poursuivre. Nous nous attendons donc à voir les acteurs du marché lutter pour la suprématie digitale – avec en première ligne les données, la technologie et l’automatisation. C’est ce qui marquera un tournant décisif dans la maturité de cette classe d’actifs, avec des fonds de Private Capital à la recherche d’économies d’échelle, une meilleure capacité de suivi, un meilleur soutien à la prise de décision par le biais d’analyses et d’études comparatives avancées, ainsi qu’une meilleure capacité à répondre aux investisseurs qui demandent plus de points de données et des reportings en libre-service.
Les administrateurs joueront un rôle clé dans cette évolution. Les entreprises capables d’offrir les meilleurs systèmes du marché, qui placent le reporting en libre-service et l’analyse avancée entre les mains des gestionnaires de fonds et des investisseurs seront les mieux placées. Elles bénéficieront notamment d’un précieux avantage concurrentiel par rapport aux classiques solutions d’administration et de financement.
Les facteurs ESG se généralisent dans l’asset servicing
Florence Fontan, Head of Company Engagement and General Secretary
La pression de la société, amplifiée par l’attention des gouvernements et des médias a accéléré la croissance de l’investissement durable. Les actifs liés au développement durable ont atteint 30,7 milliards USD en 2018, après avoir enregistré une croissance de 30 %1 au cours des deux années précédentes.
Les investisseurs institutionnels intègrent les critères ESG à leur prise de décision en s’appuyant sur les listes d’exclusion, l’engagement actif des entreprises, l’approche best-in-class, l’investissement dans le thème du développement durable et l’investissement d’impact.
En 2020, les facteurs ESG passeront sur le devant de la scène dans le monde du post-marché. En particulier, les fournisseurs d’asset servicing développeront de nouvelles capacités et solutions dans toute la chaîne de valeur. Ils joueront un rôle central en aidant les investisseurs institutionnels à intégrer l’ESG dans leurs processus de prise de décision grâce à la mise en place d’outils de big data et d’analyse pour évaluer les critères ESG, produire les rapports et assurer les études comparatives. Le développement de solutions conformes aux normes ESG contribuera également à renforcer la gouvernance et la surveillance ESG dans les aspects essentiels du cycle de vie post-marché.
Une nouvelle génération de fintechs pour relever le défi des données ESG
Christelle Ybanez, Head of Asset Owners and Asset Managers strategy and planning
Les fournisseurs de données ESG ont significativement renforcé leur offre et gagné en ampleur. Cependant, aucun fournisseur isolé ne peut offrir une solution ESG tout-en-un solide.
Heureusement, nous assistons à la naissance d’un écosystème de fintechs qui va au-delà des sources de données utilisées par les entreprises. Ces fintechs exploitent un arsenal de nouvelles technologies : données « big data » fondées sur les informations liées aux actifs (installations, centrales électriques, etc.), traitement du langage naturel (NLP), Internet des Objets (IoT), imagerie satellite, blockchain et robo-advisors. Une fois en place, ces nouvelles technologies et jeux de données donneront un avantage concurrentiel significatif aux sociétés d’investissement disposées à les adopter.
Étant donné la prolifération des fournisseurs de données, les entreprises d’investissement se tournent de plus en plus vers des prestataires externes pour gérer ces données. Les dépositaires continueront leur course pour faire évoluer leurs capacités et intégrer la fintech et les données.
Partenariats dans le secteur des services financiers – trois tendances
Daniel Turquety, Industry Partnerships & Ventures
Alors que les nouvelles technologies se diversifient à un rythme incroyablement rapide, le secteur des services financiers va renforcer ses collaborations avec des spécialistes externes tels que les fintechs et regtechs pour mettre au point et exploiter les dernières évolutions technologiques.
La coopération s’intensifiera afin de construire les infrastructures de marché de demain. Parmi les exemples existants, nous pouvons citer des projets de marché boursier en Asie-Pacifique, parmi lesquels la plateforme australienne basée sur les DLT, les initiatives de blockchain à Hong Kong, et bien sûr les plateformes de distribution de fonds. Les projets incluront des actifs spécialisés et non cotés tels que le Private Capital, les fonds alternatifs, les petites et moyennes entreprises, et la compensation carbone.
Les fournisseurs post-marché amélioreront l’interopérabilité et la standardisation des canaux de communication, considérés comme essentiels pour l’efficacité opérationnelle des clients. Le déploiement du réseau social Symphony et des projets destinés à standardiser les API en sont deux exemples.
Normes de données communes pour les API (interfaces de programmation applicatives)
Paud O’Keefe, Head of Client Digital Experience
Les API ont le potentiel pour transformer significativement la manière dont le secteur des métiers titres traite les données et fournit ses services. Cependant, si les processus API ne font pas l’objet d’une standardisation, le partage et l’utilisation de données resteront hétérogènes et sujets à des erreurs d’interprétation.
BNP Paribas Securities Services collabore avec SWIFT pour harmoniser l’ensemble de ses API existantes et futures selon la norme internationale ISO 20022, afin d’offrir à ses clients une interopérabilité accrue entre les plateformes.
L’année 2020 verra un consensus se dégager dans le secteur en matière de normalisation des API. Avec l’adoption de la technologie API dans l’écosystème des métiers titres, une nouvelle valeur sera créée pour les participants. Le secteur pourrait ainsi se rapprocher d’un véritable traitement des opérations au fil de l’eau.
[1] Source : 2018 Global Sustainable Investment Review
