L’évolution de la gestion tripartite du collatéral
Il y a quatre ans, BNP Paribas Securities Services est devenu un agent tripartite afin de répondre à la demande croissance de ses clients pour ce type de solution et d’anticiper les opportunités futures.
Nous voici propulsés en 2022 et la gestion tripartite du collatéral a confirmé sa valeur auprès des acteurs du marché en termes d’efficacité opérationnelle et de réduction du risque.
Avec le buy-side s’intéressant à la gestion tripartite, de nouvelles formes de collatéral éligibles, et l’avènement de nouvelles technologies, l’avenir de la gestion tripartite s’annonce très prometteur.
La demande du buy-side pour les services de gestion tripartite du collatéral
Les acteurs qui participent aux pensions de titres et aux prêts de titres bénéficient d’économies opérationnelles, d’une réduction du risque opérationnel et de plus grandes opportunités de négociations. Compte tenu de ces avantages, les entreprises du buy-side sont encouragées par leurs contreparties bancaires à utiliser des services de gestion du collatéral tripartite. De cette manière, une plus grande connectivité entre les acteurs du marché est atteinte, avec des modèles opérationnels davantage standardisés. Ceci permet, par ailleurs, au sell-side de tirer parti d’une optimisation plus importante de leur collatéral.
Devenir un participant de la gestion tripartite est perçu comme une tâche complexe. Tandis que les nouveaux clients d’un conservateur doivent passer par un processus complet d’intégration, les sociétés qui ont déjà un prestataire offrant une gestion tripartite peuvent y adhérer très rapidement. Pour ces clients, la gestion tripartite est un service parmi d’autres, tout comme l’administration de fonds, les services de banque dépositaire et le prêt de titres.
La Marge initiale incite encore plus à l’adoption de la gestion tripartite du collatéral
Tandis que le marché commençait à se préparer pour la première vague des règles de marge pour les dérivés non compensés en 2015 et 2016, des discussions avaient lieu sur la manière dont le buy-side aborderait ces vagues réglementaires. D’un côté, les sociétés du buy-side pouvaient favoriser leur conservateur existant sans gestion tripartite, ce qui avait du sens en théorie, car ces sociétés tendent à bénéficier d’une large gamme de services de leurs principaux prestataires de services. D’un autre côté, les avantages opérationnels et d’optimisation des services de gestion tripartites du collatéral signifiaient que les sociétés du buy-side pouvaient avoir de intérêt à établir des relations avec un prestataire de gestion tripartite, en s’éloignant donc de leurs conservateurs et banques dépositaires principaux.
Pour l’Europe, notre point de vue est que cela s’est déjà matérialisé pour la 5e vague (septembre 2021). Penser que le marché compterait principalement sur leur prestataires historiques (sans gestion tripartite) pour la 5e vague revenait à sous-estimer les avantages du modèle tripartite ainsi que l’engouement du sell-side pour un modèle plus cohérent de manière générale. Dans une certaine mesure, les courtiers ont tout intérêt à capitaliser sur leurs investissements dans des modèles de gestion tripartite répondant à des principes de traitement des opérations sans rupture.
Avec la 6e vague (septembre 2022), qui touchera une population plus importante d’acteurs du marché, nous devrions constater la poursuite de cette tendance et une large adoption des modèles de gestion tripartite pour gérer la marge initiale.
Repousser les frontières du collatéral éligible
L’environnement du collatéral évolue et devient de plus en plus diversifié en fonction de par le type et la provenance géographique des actifs traités. Cela inclut ce qui était auparavant considérés comme des types de collatéral « non standard », comme par exemple les ETF[1].
Dans le cas des ETF, nous n’avons pas constaté de mouvement massif en faveur de leur utilisation dans la gestion du collatéral jusqu’à présent. En effet, les caractéristiques de ces instruments, y compris les questions relatives à leur notation (HQLA[2] vs. non HQLA), le fait qu’ils soient synthétiques ou physiques et qu’ils fassent partie de groupes d’ETF ou d’une liste d’ETF individuels, contribuent à la complexité de leur gestion en tant que collatéral. Toutefois, de meilleures données, plus cohérentes, faciliteront le traitement de ces caractéristiques et permettront une utilisation plus vaste des ETF en tant que collatéral à l’avenir.
L’avenir du collatéral sera digital et durable
En matière de collatéral conforme aux critères ESG et durable, nos clients gestionnaires d’actifs et investisseurs institutionnels peuvent s’attendre à ce que nous soyons en mesure de les aider à affiner leurs programmes en matière de collatéral en fonction de leurs normes ESG. Etant donné que la définition des paniers ESG n’est toujours pas d’actualité, nous nous sommes d’abord concentrés sur l’accompagnement de nos clients avec des solutions personnalisées. Ceci implique l’inclusion ou l’exclusion d’actifs ou de secteurs spécifiques, et la capacité de garantir la conformité aux critères ESG d’une part des actifs reçus en tant que collatéral.
De récentes discussions au niveau du marché (par exemple, International Securities Lending Association ou Global Principles for Sustainable Securities Lending) ont tendance à confirmer la difficulté que représente la définition de paniers de collatéral ESG d’accord commun, ce qui valide le besoin de solutions personnalisées en attendant. Toutefois, des définitions de ce type prendront place et c’est pourquoi les fournisseurs de données et de services doivent agir de concert pour tendre vers une normalisation.
En ce qui concerne la digitalisation de la gestion du collatéral, il existe bien sûr une myriade de possibilités. Les technologies de registres distribués (DLT) et la tokenisation sont deux domaines qui font l’objet de larges discussions. Des solutions digitales peuvent aider à répondre aux besoins réels du marché comme l’interopérabilité, la consommation de capitaux et les silos de collatéral. C’est pourquoi nous avons décidé de prendre part à HQLAx, qui utilise la technologie des registres distribués de R3, Corda Enterprise, afin de permettre aux acteurs du marché de transférer la propriété des titres de manière fluide, entre des réserves de collatéral hétérogènes, à des moments précis dans le temps afin d’optimiser la gestion de la liquidité et les activités de gestion du collatéral. C’est via ce genre d’initiatives que les technologies digitales peuvent aider à accroître les gains en efficacité opérationnelle et les économies de coûts d’investissement.
[1] ETF : fonds indiciel coté
[2] HQLA : actifs liquides de grande qualité