En 2022, la banque CLS (Continuous Linked Settlement) a fêté ses 20 ans d’existence. Cette solution a joué un rôle clé dans le soutien du marché des changes, passant de 1 200 milliards de dollars en 2001 à 6 500 milliards de dollars en 2022 en termes de montants de transactions quotidiennes.*
Profitons de cet anniversaire pour réévaluer les avantages du système CLS.
Qu’est-ce que CLS ?
CLS est un système multidevises indépendant pour les opérations de change. Capable de gérer 18 devises, il traite en moyenne un million de transactions par jour pour une valeur de plus de 6 500 milliards de dollars (source : CLS, chiffres du premier semestre 2022).
« Plus de 70 institutions financières parmi les plus importantes au monde ont opté pour être des membres directs de CLS, et plus de 30 000 autres acteurs du marché bénéficient de l’utilisation de nos services. Alors que nous célébrons notre 20ème anniversaire, nous réfléchissons sur les raisons pour lesquelles ces clients nous font confiance chaque jour et sur ce que nous leur apportons en retour, aujourd’hui et à l’avenir », a déclaré Marc Bayle de Jessé, PDG de CLS, dans l’article célébrant les 20 ans d’existence de CLS.
À l’origine, CLS a été créé pour atténuer le risque de règlement, c’est-à-dire le risque de défaillance de l’une des contreparties[1], étant donné qu’une opération de change est composée de deux flux financiers non simultanés.
Ceci peut être illustré par une opération de change USD/JPY :
- En dehors de CLS, le vendeur règle ses JPY à T-1, tandis que l’acheteur règle les USD à T.
- Avec CLS, les deux flux sont réglés simultanément. C’est le principe du paiement contre paiement (PvP).
Le principal avantage de CLS : la réduction des risques
Les banques internationales ont été les premières à adopter le système CLS afin de réduire leur risque de règlement des opérations de change, également appelé « risque Herstatt ». Pour la petite histoire, en 1974, la faillite de la banque allemande Herstatt a bloqué le système de paiement interbancaire en dollars. Les contreparties américaines de Herstatt se sont retrouvées avec des créances non garanties en raison du décalage horaire de leurs transactions non réglées avec leurs contreparties allemandes. Aujourd’hui, ce type de problème ne peut se produire pour les utilisateurs de CLS.
Plus récemment, on peut citer la crise du Covid-19 qui a entraîné une forte volatilité et une incertitude à court terme sur les marchés des changes en 2020. Dans cet environnement complexe, CLS a permis à ses membres de supporter leur pic d’activité tout en étant confrontés à un risque contrôlé.
Gestion automatique de volumes records de transactions
En 2022, les volumes d’échanges quotidiens ont continué à augmenter :
- Le premier semestre 2022 a connu une augmentation de 3 % par rapport au premier semestre 2021 (source : CLS 2022).
En parallèle aux volumes d’échanges, la communauté CLS s’est également développée à un rythme rapide :
- La participation à CLS est passée d’environ 25 000 utilisateurs à la mi-2020 à 30 000 deux ans plus tard.
Optimisation des besoins de financement des opérations de change
Quelle que soit leur origine, les crises des marchés financiers se traduisent toujours par une forte pression sur les liquidités de la part des investisseurs et des intermédiaires financiers.
Grâce à son processus de compensation des flux par devise et par date de valeur, CLS a permis de réduire considérablement les besoins de financement des participants de plus de 95 % lors de la crise du Covid-19 (source : CLS, avril 2020).
Vers une adoption plus large du système CLS ?
Depuis 2020, les conditions de marché ont mis à l’épreuve les avantages de CLS, même pour ses membres dont les volumes de change sont relativement limités.
Les investisseurs institutionnels peuvent utiliser CLS à différentes fins. Un gestionnaire d’actifs peut ainsi utiliser CLS pour optimiser et simplifier les processus opérationnels de ses opérations de change. Les assureurs, fonds de pension ou fonds souverain peuvent quant à eux être motivés par l’objectif de rendre leurs transactions et leurs actifs sur le marché des changes plus sûrs. Les entreprises peuvent à leur tour souhaiter régler leurs opérations de change dans CLS pour rationaliser les processus post-négociation.
Même les autorités internationales, telles que les banques centrales des monnaies couvertes par CLS ou le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (CBCB), reconnaissent depuis longtemps le rôle fondamental de CLS pour assurer la stabilité et la sécurité économique des règlements en devises entre institutions financières.
CLS ne couvre cependant pas toutes les opérations de change. Certains membres sont limités par son champ d’application limité à 18 monnaies. D’autres traitent des transactions plus complexes que les produits dérivés traditionnels ou traitent des transactions le jour même, qui ne font pas partie du champ d’application de CLS.
Nos perspectives d’avenir pour CLS
Bien que le Continuous Linked Settlement soit un service mature considéré comme l’étalon-or du secteur pour le règlement des opérations de change, le service continue de gagner du terrain avec de nouveaux membres rejoignant régulièrement la plateforme.
À l’heure actuelle, la communauté est principalement composée de fonds d’investissement et de banques (97 %). En revanche, le segment des entreprises n’a pas encore tiré parti des avantages de CLS, représentant actuellement moins de 0,3% des participants (en décembre 2021). Nous nous attendons à ce que l’adoption de CLS par ce segment augmente dans les années à venir.
En dehors de ce facteur de croissance, nous nous attendons à ce que l’utilisation globale de CLS augmente avec ses trois facteurs clés :
- Accès aux contreparties de change :
Les inquiétudes concernant la croissance économique dans un contexte inflationniste, les incertitudes géopolitiques et le resserrement des politiques monétaires des banques centrales ont accru la volatilité du marché des changes, ce qui a incité les institutions financières à se montrer plus prudentes dans le choix de leurs contreparties.
« Pour de nombreuses banques ou fonds d’investissement de taille moyenne, l’utilisation de CLS permet d’élargir le choix des contreparties », explique Julien Sabet, Business Development for Cash & Liquidity Management Solutions chez BNP Paribas.
De nombreux petits acteurs du marché des changes cherchent ainsi à rejoindre CLS par l’intermédiaire d’un fournisseur d’accès afin de devenir des contreparties éligibles.
- Numérisation de bout en bout :
La technologie joue également un rôle clé dans l’amélioration de l’efficacité post-négociation, où un processus entièrement automatisé, de l’exécution au règlement, change véritablement la donne.
Les entreprises, qui ont de plus en plus recours aux plateformes électroniques d’exécution des opérations de change, sont l’illustration parfaite de la recherche de solutions entièrement automatisées, directement dans leur progiciel de gestion intégré (PGI) de l’activité de change.
- Efficacité opérationnelle et de coûts :
La tenue de comptes de trésorerie auprès de plusieurs banques agissant en tant que contreparties de change peut s’avérer coûteuse et lourde sur le plan opérationnel. De même, le fait d’être confronté à des échecs de règlement en raison de flux de trésorerie en devises non reçus peut s’avérer coûteux et difficile. C’est pourquoi les gestionnaires de fonds et les entreprises envisagent d’utiliser CLS pour gérer leurs règlements de change.
Fiche d’information sur la CLS Bank
- Créée en 2002
- 18 devises couvertes : la couronne danoise, la couronne norvégienne, la couronne suédoise, le dollar américain, le dollar australien, le dollar canadien, le dollar de Hong Kong, le dollar néo-zélandais, le dollar de Singapour, l’euro, le franc suisse, la livre sterling, le peso mexicain, le forint hongrois, le rand sud-africain, le shekel israélien, le won sud-coréen, le yen.
- Produits éligibles : les opérations de change au comptant, les opérations de change à terme et les swaps de devises.
- Plateforme de marché d’importance systémique.
- Appartient à 71 membres de règlement, dont BNP Paribas.
- Réglementée par la Réserve fédérale américaine.
*Source : CLS, H2 2022
[1] Cela signifie que la partie A a payé la monnaie vendue mais n’a jamais reçu la monnaie achetée à la partie B.