Patrick Colle présente les priorités 2022-2025 de Securities Services à l’Agefi

Le 29 septembre 2022, quelques jours avant la fusion intragroupe de BNP Paribas Securities Services SCA avec BNP Paribas SA, Patrick Colle, Responsable du Métier Securities Services et Président du Coverage des Institutions Financières, s’est entretenu avec l’Agefi.

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Le 29 septembre 2022, quelques jours avant la fusion intragroupe de BNP Paribas Securities Services SCA avec BNP Paribas SA, Patrick Colle, Responsable du Métier Securities Services et Président du Coverage des Institutions Financières, s’est entretenu avec l’Agefi. Dans l’interview que vous retrouverez ci-dessous, Patrick Colle explique le rôle de Securities Services dans le cadre du plan stratégique 2025 du Groupe BNP Paribas. 

Patrick Colle, responsable du métier Securities Services de BNP Paribas : « Les grands clients demandent une offre très intégrée »

L’Agefi Hebdo, 29/09/2022, propos recueillis par Alexandre Garabedian et Frédérique Garrouste

Patrick Colle, responsable du métier Securities Services de BNP Paribas, présente les priorités du pôle titres du groupe dans le cadre du plan stratégique 2022-2025 qui sera lancé le 1er octobre.

Quelle est la place du métier titres dans le plan stratégique de BNP Paribas pour 2025 ?

Securities Services, métier du pôle Corporate and Institutional Banking (CIB, banque des entreprises et institutionnels), est une pierre angulaire du Groupe BNP Paribas. Nous allons d’ailleurs changer notre structure de filiale au 1er octobre pour rejoindre notre société mère, BNP Paribas SA. Cela va nous permettre de faire pleinement bénéficier nos clients de notre modèle de banque intégrée en leur proposant une expérience optimisée, avec des solutions plus simples et plus fluides. Par exemple, l’offre en exécution pourra s’enchaîner avec nos offres post-marché, d’autant plus que la banque a achevé le rachat des activités prime brokerage et exécution électronique des actions de Deutsche Bank et le rachat d’Exane à 100 % l’an dernier. Aujourd’hui, les grands clients demandent avant tout une offre très intégrée et coordonnée ainsi que, si possible, un contrat unique. En fait, cette évolution juridique entérine celle du rôle du métier titres, devenu depuis une dizaine d’années un pilier stratégique de la banque de grande clientèle, à côté des métiers Global Banking et Global Markets.

Quels sont les ressorts de cette croissance ?

Nous nous sommes donné les moyens d’accompagner les clients partout où ils investissent et distribuent des fonds. Notre présence n’est plus essentiellement européenne mais globale, grâce à un déploiement à l’international, sur nos activités de dépositaire – 17 pays de domiciliation -, de conservation – 27 pays servis en conservation locale – et administration de fonds – 18 pays. Au total, notre réseau propriétaire couvre 90 % des valeurs des portefeuilles de nos clients dans le monde. Précisons que ce dispositif est unique aux Etats-Unis, où Securities Services est le seul conservateur et administrateur de fonds local non américain.

Comment le groupe se démarque-t-il de ses concurrents ?

Nous sommes le seul acteur européen figurant parmi les cinq premiers mondiaux en actifs sous conservation. En revenus, nous nous situons près du numéro 4, Citigroup. Par rapport aux autres grands acteurs, qui pour la plupart réalisent l’essentiel de leur activité avec le buy-side – gérants et investisseurs institutionnels -, Securities Services a l’atout d’une clientèle diversifiée : la moitié de nos revenus vient des investisseurs institutionnels et des sociétés de gestion, 15 % des gérants alternatifs, un marché en pleine croissance, et 35 % des intermédiaires financiers (sell-side). Ces derniers nous permettent de bénéficier de l’augmentation des volumes de trading.

De même, notre offre porte sur des actifs variés, en titres et dérivés. Elle comporte aussi un volet d’administration de fonds de type hedge funds, étoffée par l’acquisition par notre division Global Markets du prime brokerage de Deutsche Bank et les récents accords avec Credit Suisse sur cette même activité l’an dernier. Enfin, nous sommes devenus, ces dernières années, le premier acteur bancaire dans l’administration de fonds de capital privé en Europe avec 700 milliards d’euros d’encours sous service.

Quels sont les objectifs de croissance d’ici à 2025 ?

Nous visons une croissance régulière, raisonnable, et surtout disciplinée, sans donner d’objectifs chiffrés. La hausse des taux représente un facteur favorable pour nos métiers. Surtout, nous voulons développer nos parts de marché dans les pays où nous sommes déjà implantés, et ce dans les trois régions du monde. La marge de progression est grande, à commencer en France et dans d’autres grands pays d’Europe, comme l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni. En Asie-Pacifique, nous allons renforcer notre activité à Hong Kong et, à partir de là, dans le reste de la Chine. Singapour, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Inde font également partie de nos cibles de croissance. En Amérique, les Etats-Unis et le Brésil constituent nos deux pays phares.

Où sont vos grandes priorités technologiques ?

Nous voulons continuer d’innover grâce à notre savoir-faire technologique. Nous avons ainsi lancé une offre de gestion du collatéral tripartite permettant d’optimiser la mobilisation et l’utilisation du collatéral, par exemple celui détenu par nos clients en local dans divers pays, grâce à des systèmes plus agiles que ceux des grands acteurs présents depuis longtemps sur le sujet. De même, en capital privé, nous nous appuyons sur la plateforme eFront, détenue par BlackRock, en parallèle de la plateforme Aladdin, celle-ci faisant l’objet d’un partenariat conclu avec BlackRock au printemps 2020, et nous voulons automatiser des processus complexes « front-to-back » de middle et back-office. Notre ambition technologique s’appuie souvent, et de plus en plus, sur des partenariats avec des fintechs. Nous avons multiplié les prises de participations financières depuis environ trois ans. Pour les fonds ouverts, l’accord de partenariat stratégique conclu en 2020 avec Allfunds représente une étape importante.

Quelles sont vos ambitions à l’égard de la technologie blockchain ?

Les pronostics, il y a quelques années, d’une blockchain remplaçant tous les intermédiaires des opérations sur titres ne se sont pas réalisés ! Le marché aborde une nouvelle phase plus réaliste, qui va voir la coexistence d’actifs traditionnels et digitaux. Aujourd’hui, nous assistons à la multiplication de plateformes permettant de simplifier, grâce à la blockchain, des traitements complexes. Nous avons ainsi pris une participation – avec d’autres grandes banques actives dans la gestion du collatéral – dans la plateforme HQLAx, l’offre étant à présent disponible. En outre, nous nous préparons à la conservation d’actifs digitaux ou tokenisés. En juillet, nous avons annoncé des partenariats avec Fireblocks et Metaco afin de développer une offre de conservation de titres dédiée aux actifs digitaux réglementés.

En quoi consiste le pan « durabilité » de la nouvelle stratégie ?

Nous mettons à la disposition des acteurs des solutions de mesure ESG (environnement, social, gouvernance, NDLR), par exemple via notre start-up Manaos, une plateforme ouverte à tous, qui agrège et normalise les données d’inventaire des portefeuilles pour les « consommer » à travers de multiples applications ESG, sachant que les fournisseurs de données ESG ont tous des approches différentes. Son utilisation croît régulièrement, avec 75 gérants à ce jour et 1.000 milliards d’encours des portefeuilles chargés sur l’outil. A

Le métier titres de BNP Paribas est numéro 5 mondial du secteur avec :

  • 12.000 milliards d’euros d’actifs en conservation ;
  • 2.300 milliards d’euros d’actifs administrés ;
  • 150 millions de règlements par an ;
  • 664 millions d’euros de revenus au deuxième trimestre 2022 : + 16 % par rapport au deuxième trimestre 2021 ;
  • 11.000 collaborateurs.